La ville de Meaux n’est pas un milieu paisible pour les nombreuses plantes à fleurs qui y mènent une vie fixée : piétinement régulier, revêtement des sols par des routes, abandon de caddies … Au fil de l’évolution, ces êtres vivants ont acquis de nouveaux caractères qui leur permettent de survivre et de se reproduire dans ce milieu hostile…
Saurez-vous les identifier ?
Cet article vous propose de vous aider à faire le lien entre l'organisation des plantes à fleurs et les contraintes auxquelles elles sont soumises, en partant d'observations réalisées lors d'un trajet "perdu" entre la gare de Meaux et le lycée.
Saurez-vous les identifier ?
Cet article vous propose de vous aider à faire le lien entre l'organisation des plantes à fleurs et les contraintes auxquelles elles sont soumises, en partant d'observations réalisées lors d'un trajet "perdu" entre la gare de Meaux et le lycée.
Des innovations liées à la nutrition
Les plantes produisent leurs sucres grâce à la photosynthèse, qui se déroule surtout au niveau des feuilles. Les feuilles de la Grande Mauve constituent de vastes surfaces de captage d’énergie lumineuse et de CO2, indispensables à la photosynthèse. Les plantes ont aussi besoin d’eau et d’ions minéraux, prélevés dans le sol par les racines. La surface d’absorption peut être augmentée par des poils absorbants, situés près des extrémités des racines. Les racines constituent des surfaces d’absorption très efficaces, comme en témoigne la Cymbalaire des murs qui vit fixée sur des murets, un milieu très sec où il n’existe pas de vrai sol. |
Beaucoup d'espèces favorisent leur nutrition en établissant des symbioses. Ainsi, le Trèfle des prés cohabite avec des bactéries capables de prélever de l’azote atmosphérique, et de lui transférer au niveau de ses nodosités racinaires.
Enfin, deux systèmes conducteurs permettent une redistribution des matières nutritives entre les parties aériennes et souterraines des plantes :
- Le phloème, qui conduit la sève élaborée (liquide visqueux constitué d’eau et de sucres) des feuilles vers les organes qui en ont besoin ;
- Le xylème, qui conduit la sève brute (liquide constitué d’eau et d’ions minéraux) des racines vers les feuilles. Pour en observer les vaisseaux, rigidifiés par la présence de lignine, déchirez délicatement une feuille de Cornouiller sanguin.
- Le phloème, qui conduit la sève élaborée (liquide visqueux constitué d’eau et de sucres) des feuilles vers les organes qui en ont besoin ;
- Le xylème, qui conduit la sève brute (liquide constitué d’eau et d’ions minéraux) des racines vers les feuilles. Pour en observer les vaisseaux, rigidifiés par la présence de lignine, déchirez délicatement une feuille de Cornouiller sanguin.
Les privilèges de la vie urbaine
Vivre à Meaux apporte tout de même quelques avantages pour les plantes à fleurs : les déjections canines et les fientes des pigeons enrichissent le sol en nitrates et en phosphates, des éléments nutritifs qui font souvent défauts dans les sols.
Certaines (orties, sureau, géraniums, …) sont très compétitives dans ces sols enrichis en nutriments minéraux. D’autres parviennent même à coloniser le mur de la gare, ou à pousser dans les interstices des trottoirs…
Vivre à Meaux apporte tout de même quelques avantages pour les plantes à fleurs : les déjections canines et les fientes des pigeons enrichissent le sol en nitrates et en phosphates, des éléments nutritifs qui font souvent défauts dans les sols.
Certaines (orties, sureau, géraniums, …) sont très compétitives dans ces sols enrichis en nutriments minéraux. D’autres parviennent même à coloniser le mur de la gare, ou à pousser dans les interstices des trottoirs…
Des innovations liées à la survie dans un milieu variable
L’environnement meldois est un milieu variable au cours du temps (alternance des saisons hivernale et estivale, présence d’insectes herbivores…), mais la vie fixée des plantes à fleur les empêche de fuir.
Certaines innovations leur permettent de se défendre face aux herbivores, comme les poils urticants de la Grande ortie ou les épines du Chardon à capitules denses. Quand on la casse, la Grande chélidoine libère un liquide jaune-orangé contenant des molécules toxiques pour ses agresseurs.
Certaines innovations leur permettent de se défendre face aux herbivores, comme les poils urticants de la Grande ortie ou les épines du Chardon à capitules denses. Quand on la casse, la Grande chélidoine libère un liquide jaune-orangé contenant des molécules toxiques pour ses agresseurs.
D’autres innovations leur permettent de passer l’hiver et de résister au gel, en isolant les bourgeons aériens par des écailles imperméables comme chez l’Erable sycomore ou le Robinier faux-acacia. La Renouée du Japon, quant à elle, passe l’hiver sous terre. Ses bourgeons sont portés par une tige souterraine (rhizome) à croissance très rapide. Cette plante venue du Japon est donc vite invasive, en ayant tendance à réduire la biodiversité des milieux qu’elle colonise… |
Des innovations liées à la reproduction sexuée
Cueillez donc une fleur de Capselle bourse-à-pasteur. Cette toute petite plante est une proche cousine d’Arabidopsis thaliana, LA star des labos de génétique ! En effet, c’est l’étude de certains mutants d’Arabidopsis a montré que l’organisation des fleurs est sous le contrôle de 3 groupes de gènes (A, B, C).
Les fleurs sont les organes spécialisés dans la reproduction sexuée, qui nécessite la production et la rencontre d’un gamète mâle (contenu dans les grains de pollen) et d’un gamète femelle (contenu dans les ovules). Comme celles d’Arabidopsis, les fleurs de la capselle portent un calice à 4 sépales verts, une corolle à 4 pétales blancs disposés en croix, 6 étamines jaunâtres (produisant les grains de pollen) et un pistil au centre (dont l’ovaire produit les ovules).
Certaines fleurs hermaphrodites pratiquent l’autofécondation (comme la Capselle), tandis que d’autres pratiquent une fécondation croisée. Comme les plantes sont fixées, un vecteur mobile est alors indispensable pour rapprocher les gamètes.
Certaines fleurs hermaphrodites pratiquent l’autofécondation (comme la Capselle), tandis que d’autres pratiquent une fécondation croisée. Comme les plantes sont fixées, un vecteur mobile est alors indispensable pour rapprocher les gamètes.
Certaines plantes à fleurs attirent des pollinisateurs mobiles, comme les insectes : c’est l’entomogamie. Ainsi, leurs fleurs portent généralement des pétales de couleurs vives : rouge pour le Mouron rouge, ou violet mauve pour la Grande mauve. Ces fleurs libèrent aussi des molécules olfactives, responsables des odeurs plaisantes des fleurs du Sureau noir ou du Cornouiller sanguin. De plus, la Fumeterre officinale produit un nectar sucré au fond d’un éperon, ce qui contraint les insectes affamés à plonger dans la fleur. A ce titre, les fleurs du Robinier faux-acacia agrémentent agréablement une pâte à beignet, essayez : vous lui donnerez des arômes de fleur d'oranger !
D’autres utilisent le vent, c’est l’anémogamie. Leurs fleurs sont généralement discrètes (vertes, avec des pétales et des sépales très réduits) mais produisent de grandes quantités de grains de pollen, souvent de petite taille. C’est le cas des Poacées (ou Graminées) responsables du fameux rhume des foins (qui est en fait une allergie au pollen), ou de la Grande Oseille…
Rappels sur le devenir des fleurs
Suite à la fécondation, les ovules se transforment en graines permettant de protéger et de nourrir l’embryon formé. Alors que l’ovaire se transforme en fruit, généralement les autres pièces florales fanent et disparaissent.
Suite à la fécondation, les ovules se transforment en graines permettant de protéger et de nourrir l’embryon formé. Alors que l’ovaire se transforme en fruit, généralement les autres pièces florales fanent et disparaissent.
Pour former de nouvelles plantes, les graines produites doivent être disséminées. Comme elles sont fixées, les plantes ne peuvent se déplacer et disséminer leurs graines. Un vecteur mobile est indispensable pour la dissémination des graines.
Certaines plantes utilisent le vent, c’est l’anémochorie. Leurs graines sont légères et souvent prolongées par une excroissance poilue (comme les aigrettes des Pissenlits ou pour la Clématite) ou des petites ailes (comme les samares de l’Erable sycomore ou de la Grande oseille). Déclenchez donc une anémochorie en soufflant sur un pissenlit !
D’autres attirent des animaux (disséminateurs mobiles), c’est la zoochorie. Par exemple, la peau noire et brillante, ainsi que la chair sucrée des baies du Sureau noir sont très prisées par les Oiseaux. Attention toutefois à ne pas les consommer, crues elles sont toxiques pour l’Homme ! |
Ces innovations des plantes à fleurs se sont mises en place au même moment que celles de leurs partenaires animaux : aptitude à percevoir leurs signaux attractifs, à prélever leur pollen, à tolérer leurs toxines… Les plantes à fleurs ont donc coévolué avec leurs différents partenaires.
Au cours de l'évolution, les plantes à fleurs ont acquis de nouvelles innovations qui leur ont permis de se maintenir dans des environnements très divers. Si certaines parviennent se perpétuer en milieu urbain, d'autres sont aussi des championnes de la survie en milieu aride, ou encore en milieu montagnard... Notez que certaines de ces innovations ne sont pas propres aux plantes à fleurs, mais sont apparues bien avant et se retrouvent aussi chez d'autres plantes comme les fougères ou les conifères (feuilles, racines, systèmes conducteurs, toxines...).
Source des photographies : M. Nottet, sauf les nodosités du trèfle, le latex de la chélidoine, la fleur de la capselle b-à-p, le pollen de Poacées, les samares de l'érable, les akènes de la clématite et les baies de sureau noir.
Source des photographies : M. Nottet, sauf les nodosités du trèfle, le latex de la chélidoine, la fleur de la capselle b-à-p, le pollen de Poacées, les samares de l'érable, les akènes de la clématite et les baies de sureau noir.